LES
VERTUS CARDINALES
Elles jouent un rôle charnière (d’où leur nom tiré du latin « cardo »: charnière, pivot) dans l’action humaine et parmi les autres vertus. Au nombre de quatre, ce sont la Prudence, la Tempérance, la Force et la Justice.
Ces quatre vertus ont été distinguées par le philosophe grec Platon, Son disciple Aristote les développera ensuite plus longuement, Des siècles plus tard, les penseurs chrétiens ont qualifié ces quatre vertus principales de « cardinales », comme les quatre points cardinaux. Ces vertus sont les fondations de l’édifice moral.
On
commence par la force, sur laquelle on s’appuie, et de terminer
par la justice qui représente un couronnement,
Sur
les porches des cathédrales des XIIe-XIIIe siècles, est
souvent représenté le combat des vices et des vertus. Car les
vertus ont leur contraire. Elles se reconnaissent à leur emblème :
la force est une femme qui maîtrise un lion, la tempérance porte un
rameau d’olivier… Le vice opposé à la force, c’est la
faiblesse, la lâcheté. La force est aussi la volonté, la
détermination. La force est une vertu très importante dans les
moments de découragement ou de désespoir. La force ouvre sur la
douceur et non sur la brutalité, elle est un rempart contre la
violence et l’agressivité.
La
prudence est souvent comprise comme un manque de courage,
comme de l’hésitation… Or c’est une vertu magnifique, C’est
la plus intellectuelle des vertus morales, car elle équivaut
au discernement.
Le contraire de la prudence, sur les porches des cathédrales, c’est
la sottise, la stupidité. Une vie morale demande que l’on exerce
son jugement, son discernement, sa sagacité, sa finesse. La vie
morale et intellectuelle demande de prendre du recul et non pas de
foncer tête baissée. Et de tirer aussi les leçons du passé. La
prudence est représentée en sculpture avec deux visages, un visage
ancien, celui de la maturité et de la réflexion, et un visage
tourné vers l’avenir, celui de la jeunesse et de la spontanéité,
qui s’appuie sur l’expérience du passé.
Ensuite,
nous devons être tempérants !
C’est
une vertu indispensable, car l’intempérance regroupe, me
semble-t-il, tous les péchés capitaux. L’intempérance, c’est
l’avidité sur tous les plans. C’est l’orgueil, le besoin de
tout posséder, d’envahir, d’exploiter, c’est la démesure,
l’excès, c’est un vice épouvantable. La tempérance au
contraire est l’art de la mesure, elle ouvre à l’humilité, à
la modestie, à la douceur, à l’harmonie, à la compréhension et
à la paix. La tempérance est l’art de maîtriser ses instincts et
ses passions, l’ambition, la jalousie… C’est une vertu
essentielle, à la fois morale et spirituelle.
Et
la justice ? Vous dites qu’elle couronne le tout ?
J.
K. : La justice dont il est question ici n’est pas la justice des
tribunaux, elle n’exerce pas de jugement, c’est la justice au
sens biblique, c’est-à-dire la perfection. « Marche en ma
présence et sois parfait », dit l’Eternel à Abraham.
« Soyez parfaits comme mon Père est parfait », dit Jésus. Le
juste, c’est celui qui avance en perfection et en intégrité. Sur
un plan plus concret et quotidien, en examinant son contraire, celui
qui ne pratique pas la justice est malhonnête, trompeur, usurpateur,
etc. Ce qui est contraire à la justice, c’est tout ce qui n’est
pas net, tout ce qui est contraire à la vérité.
Peut-on
être fort sans être prudent, tempérant et juste ?
J.
K. : Non, on ne peut pas pratiquer une de ces vertus sans pratiquer
les autres. Et sans ces quatre vertus cardinales, les trois vertus
théologales qui sont la foi, l’espérance et la charité en
restent au stade de bonnes résolutions. Que serait une foi qui ne
s’appuierait pas sur la force ? Les martyrs,
les témoins de la foi n’existeraient pas. Une foi qui ne
s’appuierait pas sur la tempérance tournerait au prosélytisme,
voire au fanatisme. Les quatre vertus cardinales forment une
harmonie.
Atteindre
cet harmonie demande-t-il un gros effort, ou même une ascèse comme
vous l’écrivez souvent dans votre livre ? Cela n’est pas donné
?
J.
K. : Non, mais qu’est-ce qui nous est donné au fond ? La vie, et
la possibilité de développer ce qui nous est donné au départ.
Bien sûr, chacun possède un jardin différent à cultiver, tout le
monde n’a pas les mêmes plantes dans ce jardin. Mais il est
magnifique de développer tout le potentiel que nous avons en
naissant.
On
peut devenir plus fort, plus tempérant, etc. qu’on ne l’est au
départ ? On peut s’exercer à ces vertus ?
J.
K. : Bien sûr ! On peut se corriger. Quelqu’un d’impulsif, par
exemple, peut s’imposer de laisser passer quelques heures avant de
prendre une décision. Aristote utilise l’image du cithariste, qui
doit s’exercer pour bien pratiquer son art. En s’exerçant, on
devient meilleur.
Sources
Internet :
Jacqueline
Kelen, auteur de Le jardin des vertus (Salvator). Propos recueillis
par Sophie de Villeneuve dans l’émission Mille questions à la foi
sur Radio Notre-Dame.
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